Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Débuts de Textes - Textes sans but
18 septembre 2007

La maison

Le chemin qui y grimpe est rebelle aux voitures, il est né pour la marche silencieuse et voutée. Des pierres anguleuses roulent, traitresses sous nos chaussures, et l’écho de leur course survit quelques secondes encore.

A quelques pas, posés là tels des soldats du mausolée de Qing, des genévriers d’un petit mètre suivent la courbure du chemin rocailleux.

C’est au dernier virage que l’on découvre lentement le toit de lauze qui se dévoile pudiquement. La végétation en cette saison est presque inexistante et les milles couleurs sur les roches qui ourlent la bâtisse lui font comme un écrin.

La maison simple est puissante. Grise et trapue elle semble vouloir opposer aux éléments qui ici, dans cette combe, se déchaînent souvent, une force tranquille que rien ne peut faire vaciller.

Nulle électricité, nulle eau courante, nul téléphone.

La lampe à pétrole, l’eau tirée du puits creusé dehors, les deux descentes hebdomadaires au village sont autant d’admirables palliatifs.

Ici, c’est le silence qui est maître.

Un silence fait des bruissements du torrent qui court plus bas, aujourd’hui espiègle et demain à peine dompté par les berges abruptes. Un silence fait de cris soudains, piaillements affolés ou glapissements sourds. Un silence riche de toutes sortes de bruits mais oublieux des sons agresseurs de la ville.

Quand le vent se lève annonçant la neige qui ne tardera plus maintenant, aucune envie de tirer les volets. Dehors, le soir, le ciel est un terrain de jeu infini pour les bourrasques déjà glaciales. Elles tombent sur nous depuis les plus haut pics, se faufilent au plus secret des vallées et viennent nous surprendre de leurs coups successifs qui nous font sursauter.

Lecteurs assis à la lumière orangée de la cheminée nous sommes comblés par le sentiment de notre sécurité. Comme le veilleur en son phare au plus noir de la tempête, nous nous sentons invulnérables. La maison, en ces moments, est plus que jamais notre abri, un ilot de chaleur qui repousse amicalement mais avec fermeté les vents et les déluges.

Cette maison est nôtre depuis quelques années.

Elle est notre refuge et il n’est même plus besoin d’un petit souffle de vent.

Publicité
Publicité
Commentaires
Débuts de Textes - Textes sans but
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité