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Débuts de Textes - Textes sans but
13 septembre 2007

Ces dimanches là

C'est d'abord une saison, pas encore l'hiver mais déjà plus l'automne. C'est ensuite une lumière, celle déclinante d'un après-midi quand le mauve du soir chasse le bleu grisé. C'est enfin une odeur, celle de la terre, pleine, presque sucrée ; celle parfois écœurante des sous-bois et celle de l'herbe humide, peut-être la plus simple et sans doute la plus enivrante.

Ces dimanches là, alors que ma vie était pour quelques temps encore vierge de toute contrainte, mes pas me portaient au cœur de bois mille fois explorés et pourtant toujours aussi nouveaux pour nos jeux d'enfants. D'autres fois, c'était une bâtisse abandonnée qui nous accueillait mon jeune frère et moi. Nous traversions alors des vignes privées de leur âme, des prairies gorgées où la moindre empreinte bovine souillait nos chaussures d'une boue gluante et odorante.

Ces dimanches là, un enfant ne marche pas simplement. Chacune de ses enjambées est une porte ouverte sur un autre monde. Il devient G.I. et la moindre souche se transforme en bunker imprenable. Il est corsaire ou pirate et la mare innocente se change en océan déchainé.

Nos survêtements bleus que nous portions alors reflétaient les traces de nos folles aventures. Nous savions déjà que, de retour à la maison, nous devrions nous décrotter avec la lame usée d'un vieux couteau. Peu nous importait, nous étions emportés. A quelques hectomètres de notre calme demeure, nous n'étions même plus de ce siècle.

Nos jeux, faits de bousculades, de courses et de roulades, de cachettes et de cris, de découvertes et de bêtises, nous laissaient haletants, échevelés, baignés d'une fine et tiède sueur que nos sous-pull bordeaux ou marine de l'époque persistaient à ne jamais vouloir évacuer.

C'est à l'heure où le soleil se confondait dans sa pâleur avec le ciel, au moment où une brise ignorée jusqu'alors nous faisait frissonner, que nous savions qu'il nous fallait rentrer.

Nous avions joué quelques heures ce dimanche là, sans savoir que la course du temps est bien différente selon les âges de la vie.

Sans savoir que bientôt, bien trop tôt, comme le dira le chanteur ces dimanches à 15 heures seront déjà des lundis.

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